Tête de Voltaire par Huber

Cahiers Voltaire | (Se) représenter Voltaire aujourd’hui

Appel à contribution – Cahiers Voltaire 17 (2018)

La revue annuelle de la Société Voltaire, les Cahiers Voltaire, lance un appel à contribution sur le thème: (se) représenter Voltaire aujourd’hui.

Le regretté Raymond Trousson a donné naguère une anthologie des Visages de Voltaire, où se croisaient les voix discordantes des voltairiens et des anti-voltairiens entre la mort du patriarche (1778) et l’anniversaire du centenaire (1878). S’il appelait de ses vœux la continuation de l’enquête, les attentats qui ont endeuillé ces dernières années la France, et plus globalement le monde, le climat délétère qui pèse dans les débats publics, les problématiques auxquelles la République française est nouvellement confrontée, incitent – pour tâcher de saisir, de comprendre, de garder prise –, à examiner les principes, à rechercher des cautions, à trouver des penseurs (à suivre ou à réfuter), et Voltaire est de ceux-là. Patriarche en son temps, porté ensuite au Panthéon, il figurait élégamment sur les billets de dix francs dans les années soixante. Pourtant, quelques années auparavant, c’est bien toujours au pluriel que s’offraient les visages de Voltaire: il y a loin du Voltaire antijuif de Labroue en 1942 au vibrant hommage de Paul Valéry, le 22 décembre 1944, en Sorbonne (Cahiers Voltaire 4, p.270). Qu’en est-il aujourd’hui, où s’il n’y a plus d’Arouettistes, on se réclame de Voltaire autant qu’on s’en défie? Ce dossier voudrait interroger ces antinomies dans la représentation de Voltaire, ainsi que les textes et les images qu’elles suscitent aussi bien en France qu’à l’étranger.

Le champ d’investigation sera limité à la période 1978-2018, découpage arbitraire qui conduit du tricentaire de la mort de Voltaire (Cahiers Voltaire 7, p. 209) à nos jours. Ces quarante années sont en effet jalonnées par des faits marquants d’ordre divers que les contributeurs sont appelés à investir:

Dans l’ordre politique, on peut rappeler qu’en 1989 la fatwa fulminée contre Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques, entraîna un mouvement international de protestation laïque où l’on scandait «Au secours, Voltaire!», ou mentionner, plus récemment, en janvier 2015, ce visage de Voltaire porté le long du boulevard du même nom.

Dans le champ éditorial, Voltaire a fait l’objet, depuis le tricentenaire de sa mort, de travaux d’édition conséquents (la continuation et l’achèvement proche des Œuvres complètes par la Voltaire Foundation, le totalisant Voltaire en son temps, mené sous la direction de René Pomeau, un Album Voltaire dans la prestigieuse Pléiade en 1983...), de la création de deux sociétés savantes, de colloques internationaux (commémorations de 1978, Voltaire en «parrain» du salon du livre à Paris en 1994, et autres manifestations: «Voltaire et ses combats» la même année, «Qu’est-ce que la tolérance?» en 2000, les 250 ans de Candide, etc.). La réception de Voltaire et de ses œuvres s’en trouve-t-elle modifiée?

Du côté des médias, le nom de Voltaire se trouve convoqué lorsque les principes de la République semblent menacés. À la suite d’Alain Sandrier dont l’état des lieux porte sur le premier semestre 2015 (Cahiers Voltaire 14, p.318-322), on pourra étudier, les nombreux dossiers concernés, dans la presse papier ou sur la toile, dans les émissions télévisées ou radiophoniques. Que nous indiquent-ils tant du point de vue de leur création que de leur réception?

Corollairement, comment la fiction réinvestit-elle la figure de Voltaire dans les BD, séries, romans, etc.? De même, que nous révèle le champ de la représentation graphique? Voltaire fait l’objet, c’est l’une des hypothèses de ce dossier, d’un investissement particulier, soit que l’image soit devenue icône, soit qu’elle s’avère réinvestie en variations singulières. Qu’en est-il également sur le plan cinématographique et théâtral?

Selon une orientation plus idéologique, l’examen se portera sur les attaques qui touchent la figure de Voltaire, son nom? Peut-on en dresser une typologie? une axiologie? une histoire? Quels en sont les thèmes de prédilection, s’il y en a? les instruments rhétoriques? les impasses éventuelles? Inversement, que dit-on quand on convoque Voltaire? Occupe-t-il une place particulière au regard des autres philosophes des Lumières? Quelle typologie en établir? Est-il possible de construire l’histoire de cette représentation? Enfin, ne faut-il pas également s’interroger sur les conditions d’un impossible discours objectif? ou d’une ignorance doublée d’indifférence? Si Voltaire divise toujours, sa pensée, convoquée, est-elle exactement connue?

Les projets de contributions (2000 signes maximum) sont à adresser à l’équipe de rédaction à l’adresse suivante: cahiers (à) societe-voltaire.org (ou beatrice.ferrier (à) gmail.com, stephanie.gehanne-gavoty (à) paris-sorbonne.fr ou ulla.kolving (à) c18.net) avant le 30 septembre 2017. Les articles (qui n’excèderont pas 30000 signes espaces comprises et se conformeront à la feuille de style), à remettre le 15 mars 2018, seront soumis à l’approbation du comité de lecture des Cahiers Voltaire.

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