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C’est qui Voltaire ?

Ralliement à Voltaire

Charlie-Hebdo, le 7 janvier 2015, c'est aussi Voltaire qu'on a voulu assassiner : tout ce que son œuvre et son nom signifient en termes de libertés et de valeurs.

Aujourd’hui, Voltaire serait Charlie, les voltairiens le savent, et ils se sentent Charlie. Aujourd’hui, Voltaire serait juif, nous en sommes sûrs et nous le disons en conscience. Au-delà des préjugés, des trucages et des malentendus de bonne ou mauvaise foi qui sévissent à son encontre – passons là-dessus – nous nous souvenons qu’il fut le premier à formuler l’évidence essentielle, dans la voix d'un rabbin qu'il faisait parler devant les bûchers de l’inquisition : « Quel était leur crime ? Point d'autre que celui d'être nés... » Nous savons et nous disons qu’il faut revenir d'urgence à son message de fraternité humaine comme à la source de nos valeurs fondamentales.

Pour nous, pour la France et pour le monde, aujourd’hui plus que jamais, Voltaire est le signe de ralliement de tous ceux qui n'acceptent pas que des croyances deviennent meurtrières, que la foi ait le poignard à la main, qu’un dieu serve à justifier des massacres, que le fanatisme menace et mine les valeurs de l’appartenance au « genre humain ». Voltaire, c'est le rire libre opposant sa force aux vérités mortelles de ceux qui croient pouvoir tuer et mourir pour elles. « On ne fait jamais de bien à Dieu en faisant du mal aux hommes » : Voltaire, ce fut le combat de toute une vie pour « écraser l'infâme » et pour défendre concrètement les victimes du fanatisme. Un combat à mains nues. Et c’est, jusqu’à nous et au-delà, l’effort et l’élan de ce combat continué.

Les artistes assassinés de Charlie-Hebdo ont compté et compteront parmi les représentants les plus brillants, les plus marquants, les plus exemplaires d'un esprit voltairien encore et toujours vivant. Leur assassinat est un défi à l'héritage des Lumières et à la liberté de l'esprit.

Un mot encore. Nous refusons, nous refuserons la récupération du nom de Voltaire par ceux qui osent le citer, en ces jours tragiques, pour diviser, pour opposer entre eux les hommes de bonne foi et de bonne volonté. Ces charlatans sont les ennemis jurés de ce que fut réellement Voltaire et de ce qu’il peut nous dire encore. Comme citoyens, nous les combattrons.

A nous, Voltaire !

Dans l’épreuve que nous traversons collectivement, nous avons voulu invoquer le témoignage de Voltaire, en forme d’hommage. Les citations qui suivent sont toutes de lui. Elles parleront aussi par leurs sources et par leurs contextes, aisément consultables en ligne. Elles disent tout : l’horreur et l’effroi, le deuil, la liberté intacte et le sursaut, la conviction d’un message pour demain.

Il est vrai que le grand art de surprendre et tuer est un héroïsme de la plus haute antiquité.

Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous les fanatiques sont pétris de la même merde, détrempée de sang corrompu !

Vous êtes mahométan, mais il y a des gens qui ne le sont pas, donc vous pourriez bien avoir tort.

On chante, on dit la messe, et on tue des hommes.

Donc toute religion qui n’appartient qu’à un peuple est fausse.

Les dîners seraient trop tristes si la conversation roulait longtemps sur les horreurs du genre humain. L’histoire de l’Église trouble la digestion.

La chimère du pouvoir sacerdotal n’est qu’un blasphème contre la raison, et même contre l’Evangile.

Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes. La religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés.

L’Église est dans l’État, et non l’État dans l’Église.

Il faut séparer toute espèce de religion de toute espèce de gouvernement.

Mon Dieu, délivrez-nous du fanatisme !

Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères !

Il n’y aura de damnés pour l’éternité que ceux qui ont voulu se faire dieux.

C’est un grand plaisir de rire en se vengeant. Si vous n’écrasez pas l’infâme, vous avez manqué votre vocation. Je ne peux plus rien faire. J’ai peu de temps à vivre : je mourrai, si je puis, en riant, mais à coup sûr, en vous aimant.

Je meurs en adorant dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition.

Qui plume a, guerre a. Écrasez l’infâme tant que vous pourrez, et que dieu vous le rende !